Rovinj J106 Croatie

La météo du cyclocampeur

Écrit à Rovinj (Croatie) le 14/10/15 - km 940 sur nouveau compteur (+2700 ancien compteur)

Traverser les petits villages d'Istrie se révèle être un épisode fort agréable. En empruntant la Panrenzana, ancienne voie ferrée reconvertie récemment en route cyclable, on commence à Trieste en Italie pour finir à Porec sur la côte adriatique croate, en passant par la Slovénie (Piran) et puis les bucoliques villages des collines d'Istrie (Buje, Grozjnan …). Si en Slovénie on a de la bonne piste asphaltée, en Croatie, c'est un chemin terreux et caillouteux que l'on doit sillonner. Un moment de plaisir tant que le soleil est de la partie, mais qui se transforme en cauchemar lorsque la pluie s'en mêle. Depuis Ljubljana j'ai réussi à rouler entre les gouttes, j'ai même eu des journées de bonheur presque estivales … Mais voilà, depuis deux jours, j'essuie averses sur averses et j'ai du quitté à regret la champêtre Panrenzana pour épargner la gadoue à mes mécaniques, et puis reléguer toutes mes priorités derrière celle de me trouver un toit au sec pour la nuit. Quitter ce chemin cabossé m'a de facto porté sur les plus grands axes, partagés avec certains chauffeurs qui ne semblent pas se soucier des limitations de vitesse. 

 

Car sur la côte istrienne, les petites routes de campagne n'existe pas vraiment. Si l'on veut s'écarter de l'axe principal, on doit forcément goûter de la terre. Comme j'ai hâte que cette pluie en finisse pour à nouveau pouvoir les emprunter ! Ce que m'a montré la Croatie pendant ces trois premiers jours, ce sont des bourgades d'une beauté exquise, malheureusement parasitées par le tourisme de masse. Les bannières publicitaires king size font partie intégrantes du paysage, pour inciter le chaland à dépenser son argent. Je suis heureux de pouvoir parcourir cette région en octobre, c'est à dire en hors-saison. Je ressens toutefois tout ce potentiel « business » par le nombre colossal d'offres de logements saisonniers et de paillotes fermées sur le bord de la route. En fait, c'est surtout dans les terres que j'ai trouvé de la tranquillité et de l'authenticité. 

 

Abandonner le projet de la Bosnie a été une petite déception. D'autant plus que j'ai du aussi laisser de côté la montagne slovène et le parc naturel du Triglav, le froid ayant fait une apparition soudaine. A une semaine près, j'aurai pu découvrir quelques joyaux naturels comme le lac de Bled et la rivière Soca. J'ai parfois l'impression de faire la course avec la météo. Toutefois, la Slovénie a été un coup de cœur de voyage, pour le sourire de ses habitants, pour la poésie de ces paysages. J'aimerai y revenir un jour, pour visiter ce que j'ai manqué, mais cette fois-ci au bon moment de l'année, et voire même  un peu plus léger. Ma déception a tout de même été apaisée par la découverte de ce monument troglodyte exceptionnel, le château de Prejdama, et puis la révélation Piran, merveille de la côte adriatique. Et comment rester de marbre devant Rovinj, le mont St-Michel d'Istrie.

 

Autre ville majeure à mettre à mon actif, Trieste. Et un nouveau pays, accessoirement : l'Italie. J'ai toujours adoré traverser les frontières, même si dans l'espace Shengen cela ne représente plus grand chose. On dénote toujours quelques menus changements qui attisent l'attention et la curiosité. Bizarrement, les abords de frontières sont visuellement souvent assez moches, mais les stimuli de la nouveauté me donnent toujours un sentiment d'exploration et d'initiation. En passant de la Slovénie à l'Italie, puis de l'Italie à la Slovénie, et enfin de la Slovénie à la Croatie, le tout en 3 jours, mes sens ont été en éveil constant.

 

Ce qui m'a le plus marqué lors de mon arrivée en Italie, c'est l'odeur du bon café qui flottait dans l'air. Un peu cliché peut-être. Parfois ce que l'on remarque, c'est ce que l'on s'attend à retrouver … Trieste, cité multiculturelle croato-sloveno-italienne, n'a pas été exactement le genre de ville bike-friendly à laquelle je pouvais m'attendre, après mon arrivée-épopée dans le centre depuis une piste cyclable de toute beauté . C'est une agglomération totalement hostile au vélo, qui n'a ici aucune piste dédiée, aucune place de parking, aucun lieu de subsistance. Je parierai même qu'il y a une réelle volonté de la part de la municipalité de le défavoriser. Du coup je me suis senti un peu seul sur ma monture lorsque j'ai décidé d'arpenter les rues. Une ville atypique, intéressante, mais un peu surannée. Tout le contraire de Ljubljana, ville dynamique qui a su donner la part belle aux deux roues à pédales. Bon, il y a peut-être une explication topographique à tout cela, les collines de l'italienne n'invitant pas forcément au plaisir de rouler à la force du mollet ...

 

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